La prothèse de cheville
En quoi consiste une prothèse de cheville ?
Le remplacement de la cheville par une prothèse est une opération par laquelle on substitue par des pièces artificielles l’articulation de la cheville abîmée. Elle est rendue nécessaire dans plusieurs situations, la plus fréquente étant l’arthrose, ou usure anormale, des surface articulaires formant l’articulation de la cheville.
Jusqu’à il y a quelques années, l’unique solution en cas d’arthrose grave de la cheville était l’arthrodèse, ou blocage entre le tibia et le reste du pied. Cette opération soulageait assez efficacement les douleurs, mais sacrifiait la mobilité de la cheville. Cette technique est en train d’être progressivement remplacée par la prothèse, qui offre aussi un bon soulagement des douleurs en conservant la mobilité.
Ci-dessus, la cheville est formée en haut par le tibia et le péroné, qui forment une sorte de mortaise, et l’astragale en bas, qui correspond à une poulie. L’espace articulaire est large, bien visible.
Ci-dessus, une radiographie de la cheville gauche avec arthrose sévère : il n’y a plus d’espace articulaire, les surfaces sont « usées ». Cette situation entraîne de vives douleurs, et limite fortement la capacité de marche.
La prothèse consiste en 3 pièces : une pièce tibiale qui remplace la surface inférieure du tibia, une pièce qui remplace la surface supérieure de l’astragale (os de la racine du pied), et une pièce intermédiaire en plastique, comme sur l’illustration ci-dessous.
Modèle "Salto Talaris"
Résultat sur une radiographie :
PREPARATION A L’OPERATION
Opérabilité
Votre médecin de famille, ou tout autre médecin de votre choix, sera prié de faire un rapport sur votre état de santé actuel et vos antécédents, à transmettre à notre service d’anesthésie. Cela permettra aux anesthésistes d’évaluer le risque opératoire, et de choisir en connaissance de cause la technique la plus appropriée à votre cas personnel.
Médicaments
Afin de diminuer le saignement durant l’opération, certains médicaments, notamment les anti-inflammatoires, doivent être arrêtés quelque temps avant l’intervention : Aspirine, Voltaren, Ponstan, Olfen, Brufen, Tilur, doivent être arrêtés 10 jours avant l’intervention, Vioxx et Celebrex peuvent être pris jusqu’à 48 heures avant.
Physiothérapie
Quelques séances de physiothérapie peuvent être prescrites juste avant l’intervention, afin de mieux préparer votre musculature et de vous familiariser avec l’usage des cannes et les mouvements corrects. Cette prise de contact avec les mêmes physiothérapeutes qui vous suivront durant le séjour en clinique facilitera la rééducation postopératoire.
Entrée en clinique et préparation
Vous entrerez en clinique le jour précédant l’intervention, en général dans l’après-midi. L’anesthésiste vous rendra visite et vous déciderez ensemble de la technique anesthésique appropriée. Un léger sédatif pourra vous être administré pour la nuit précédant l’intervention, ainsi que juste avant celle-ci, mais uniquement en cas besoin et avec votre accord.
Anesthésie
L’intervention peut être pratiquée en anesthésie générale ou loco-régionale (péridurale, rachidienne, etc.). Les avantages et inconvénients des diverses techniques seront discutés avec l’anesthésiste lors de la visite préopératoire.
PENDANT L’OPERATION
L‘intervention a lieu en position couchée sur le dos. L’incision se fait sur le devant de la cheville, dans le sens de la longueur.
L’intervention elle-même dure environ 2 heures.
APRES L’OPERATION
Vous passerez quelques heures, éventuellement une nuit, en salle de réveil ou aux soins intensifs, pour la surveillance postopératoire. La cheville opérée sera immobilisée dans un premier plâtre épais et confortable, et le pied du lit sera légèrement surélevé. Juste après l’opération, on laisse en place un ou deux drains, petits tuyaux souples permettant d’évacuer le surplus de saignement et d’éviter ainsi la formation d’un hématome. Ces drains seront enlevés en chambre après deux à trois jours. Les 2 à 3 premiers jours se passeront au lit strict, après quoi débutera la rééducation à la marche.
Les douleurs post-opératoires peut être assez vives, si bien que l’on doit les diminuer par différents moyens. Une anesthésie partielle (péridurale, ou anesthésie de la jambe) est laissée en place durant les 2 - 3 premiers jours après l’opération.
Après deux ou trois jours, le patient peut se lever avec le physiothérapeute ; il peut poser le pied par terre, sous protection d'une attelle amovible, mais sans poser le poids du corps (=charge partielle) durant 6 semaines en tout, ce qui implique de marcher avec deux cannes en permanence durant toute cette période.
SUIVI POSTOPERATOIRE
Les fils ou agrafes sont enlevés entre 2 et 3 semaines après l’opération, après ablation du plâtre circulaire, et remplacement par une attelle à velcro.
La rééducation proprement dite commence alors chez un physiothérapeute, ambulatoirement. Il faudra alors exercer particulièrement les mouvements de flexion dorsale (ver en haut) du pied, qui sont les plus difficiles à récupérer.
L’évolution de la cheville opérée est suivie par des contrôles réguliers à la consultation, assortis de radiographies, en général selon le schéma suivant : 6 semaines, 3 mois, 1 an, 5 ans et 10 ans après l’opération.
Les cannes peuvent être progressivement abandonnées entre 2 et 3 mois après l’opération.
A plus long terme, il faut veiller à prévenir l’infection secondaire de la prothèse. Celle-ci risque de se produire chaque fois que des bactéries sont relâchées dans la circulation sanguine, comme par exemple lors d’une intervention dentaire, d’un examen ou d’une opération à la vessie ou à l’intestin. Signalez toujours à tout médecin qui vous soigne que vous êtes porteur d’une prothèse de hanche.
Dans les aéroports, le passage à travers certains détecteurs de métaux peut déclencher l’alarme. Un certificat en français et anglais vous sera remis, attestant que vous êtes porteur d’une prothèse.
Après 3 à 6 mois, le patient peut reprendre une vie quasiment normale. Certains sports comme le vélo, la natation, la marche ou le ski pourront être pratiqués.